Exposition d’Edmée Laurin du 23 mars au 28 avril 2023
Vernissage le jeudi 30 mars 2023 de 17h à 20h
Le Passage accueillera du 23 mars au 28 avril 2023, l’exposition « Venus Flytrap » d’Edmée Laurin, ancienne étudiante de Prép’art, qui est devenue une artiste plasticienne après avoir étudié aux Beaux-Arts de Paris dans les ateliers d’Anne Rochette et de P2F…
Exposition ouverte du 23 mars au 28 avril 2023 de 14h à 18h du mardi au samedi en mars et de 14h à 18h du lundi au vendredi en avril.
Commissaire de l’exposition : Benoit Géhanne
« L’archéologie constitue la seule voie d’accès au présent. Comme l’a suggéré Michel Foucault, la recherche sur le passé n’est que l’ombre portée d’une interrogation tournée vers le présent. »
Giorgio Agamben – Création et anarchie – « Archéologie de l’œuvre d’art » – 2019
Venus Flytrap
À travers les oeuvres exposées au Passage à Prép’art, j’imagine une histoire de découverte sousmarine.
Je souhaite créer un contact entre la porcelaine, matériau ancien, et le polyester, matériau
récent, et provoquer le grand écart temporel que ça implique afin de proposer une archéologie
contemporaine.
En septembre 2019, pendant que je visitais les alentours du Jingdezhen Ceramic Institute, j’arrive sur
le site d’une immense usine de production d’objets en porcelaine abandonnée. Je remarque au
cours de mon exploration un nombre incroyable de moules de vases et d’autres récipients jonchant
les sols, empilés dans les coins de bâtisses à moitié effondrées. Je décide d’en rapporter un à l’atelier
et de le réassembler à la façon d’un puzzle. Tout au long des trois mois de résidence passés à
Jingdezhen, j’ai tenté d’en tirer un objet s’assimilant au vase que le moule renfermait à l’origine. J’ai
conservé toutes mes tentatives. On peut observer dans celles-ci les élévations et dépressions d’une
forme, rendue abstraite par l’ancienneté du plâtre, restée exposée aux intempéries pendant plus de
vingt-cinq ans. L’empreinte de la pluie apparaît solide à la surface des tirages, dont la temporalité
reste complexe : c’est la série des Come back. De même, les pierres de porcelaine de la série Feelings
ont été tirées à partir de l’empreinte de pierres de rivière, trouvées dans la campagne chinoise. Ces
deux pierres, prélevées dans le lit d’un cours d’eau asséché, sont le point de départ de ces « copies
naturelles ». Les variations du matériau durant la cuisson donnent à chacune des pierres noires une
courbe unique, induite par leur propre poids et mettent en avant le reflet mat des lettres gravées à
leur surface. Les pierres suintent et suent, telles des organismes vivants.
Ces projets plastiques regroupent en effet des questions de matérialité, de passage du temps, de
reconstruction, de reconstitution et de conservation. Ils touchent également aux questions
d’archéologie moderne telles que les trash studies américaines ou portées par des oeuvres comme
Le Déjeuner sous l’herbe de Daniel Spoerri.
C’est à travers les gestes de couler, stratifier, d’imprimer dans la matière que je tente de faire se
rejoindre plastiquement les notions d’identité et de temps. En versant et en appliquant des matériaux
qui se transforment, dont l’état passent du liquide au solide, je donne corps aux gestes que je fais,
saisissant les poses dans leur élan. Bien que le corps ne soit jamais montré que par fragment ou par
évocations délicates, il transpire de toutes mes productions.
Mes pièces montrent la nécessité de figer quelque chose pour en comprendre la fluidité et
redonnent leur autorité et leur force individuelle à certains objets. Développer le champ lexical
archéologique de mon propre travail me permet de voir mes oeuvres comme de futures fossiles. Je
pratique la répétition des formes au travers de différents processus de moulage et envisage mes
séries de pièces comme les déclinaisons de mêmes séquences, des « copies naturelles » jamais
identiques mais partageant un même génome.
Edmée Laurin
« Les oeuvres d’Edmée Laurin ont
les mêmes stratifications
complexes que les découvertes
archéologiques. Toutes ses pièces
sont profondément liées au passé
récent et antique, tant dans la
forme que dans la matière, mais
elles sont en même temps
indissociables de notre présent.
À travers ce paradoxe, Edmée
Laurin nous encourage à repenser
notre notion du temps et à lire ces
oeuvres comme s’il s’agissait de
découvertes archéologiques. »
Raimonda da Ros – Novembre 2019
Edmée Laurin a eu un parcours universitaire en histoire des
arts et à Prép’art Paris avant d’entrer aux Beaux-Arts de Paris
dans les ateliers d’Anne Rochette et de P2F.
Diplômée des Beaux-Arts en 2017, en parallèle elle suit une
formation à la Kunstakademie de Düsseldorf, dans les
ateliers M. Gostner et T. Grünfeld.
Depuis, elle a participé à plusieurs expositions personnelles
et collectives dans plusieurs institutions en France, en
Allemagne et en Chine.
En 2019, elle fait une résidence en Chine où elle explore la
porcelaine et la céramique. Elle expose ses oeuvres au
Jingdezhen Ceramic Institute en 2019. Elle poursuit
actuellement ses recherches formelles sur les questions de
corps, d’identité, de mémoire et d’archéologie.
***
Contact-Presse : Lionel DAX / ldax@prepart.fr
du 23 mars au 28 avril 2023